Vous avez dit totémisation ?

La Fédération des Éclaireuses et Éclaireurs nous explique sa vision de la totémisation

Sujet à débat, la totémisation alimente fantasmes et légendes.
La Fédération des Éclaireuses et Éclaireurs l’utilise dans sa pédagogie

Explications et détails sur la pratique dans la FEE.

La présidente de la fédération s’appelle Hamster, on y retrouve des chefs de groupes comme Koala, Bouquetin, Ardea ou encore Ocelot, bref le décor est planté : bienvenue à la FÉÉ !

La totémisation, pratique institutionnelle et encadrée

Ici, loin des mythes, la totémisation est une institution. Elle a toute sa place dans la pédagogie avec des bases communes quelque soient les groupes.

Balisaur, chef du groupe Pierre Dejean à Paris, est catégorique sur la totémisation :

Loin de ce qu’on peut imaginer, c’est d’abord et avant tout un jeu. Il faut garder à l’esprit que c’est en quelque sorte le dernier jeu de la vie éclaireur.

Baliseur dirige également les Gilwell qui sont les stages de formation des chefs de la FÉÉ.

La totémisation est enseignée dans ces temps entre chefs, à tout les niveaux.

Le but de cet enseignement est double, pouvoir démystifier cette pratique et permettre aux chefs d’en parler librement aux parents des jeunes qu’ils encadrent.

Ce jeu fait entièrement parti de l’ADN de la fédération, de part sa présence dans tout les groupes actuels mais aussi dans les statuts de celle-ci.

Origines et fonctionnement de la totémisation

Cela varie en fonction des groupes, mais la totémisation s’adresse aux jeunes adultes, ou bien à des "grands" jeunes : 15-17 ans, aussi l’âge d’être chef de patrouille.

Avant d’aller plus loin faisons un petit point vocabulaire :

  • Sachem : c’est une personne qui est totémisée, à la FÉÉ ce sont les chefs et dans une majeure partie des groupes aussi les grands éclaireurs qui sont sur le point de passer à la tranche d’âge supérieure.
  • Papouse : un éclaireur qui n’est pas totémisé
  • Visage pâle : ce sont toutes les personnes qui ne sont pas dans le scoutisme

Ce vocabulaire teinté d’imaginaire indianiste est, à la FÉÉ, un héritage des EEDF (Éclaireuses et Éclaireurs de France) d’où la fédération est issue.

Cet héritage a été remanié dès le départ par les premiers chefs. Ils ont alors écrit une base commune sur ce jeu pour tout le reste des chefs et des groupes.

Aujourd’hui, un groupe qui souhaiterait ne pas faire ce jeu en son sein n’y est pas contraint. En revanche s’il fait la totémisation, ce groupe devra de suivre la pédagogie mise en place par la fédération au même titre que pour d’autres jeux ou des cérémonies.

Balisaur précise :

Il ne faut pas voir la totémisation comme quelque chose à part, c’est vraiment comme un grand jeu dans un camp. On peut croire que c’est dangereux car il y a des secrets, pourtant c’est tout aussi secret que le déroulé d’un jeu pour des jeunes. Vous avez une activité demain vous ne pouvez pas en connaître tous les détails en avance.

Dans la Fédération des Éclaireuses et Éclaireurs, la raison de cette pratique est d’abord un "rite de passage vers l’âge adulte", mais c’est aussi une "reconnaissance" pour le jeune papouse qui va devenir sachem. « Il peut estimer qu’il a la confiance des autres sachems qui l’estime prêt à vivre ce jeu. »

Quoi qu’il arrive comme toute activité à la FÉÉ, la totémisation n’est pas imposée au jeune. Quand les sachems lui proposent de vivre ce moment, le jeune a la possibilité de refuser sans pour autant risquer une sanction ou être mis à l’écart.

Balisaur une fois de plus le souligne :

Pas de panique, la sécurité de l’activité est au même titre que les autres assurée par le directeur de camp. Il n’est pas question de risquer la santé d’un jeune ou d’un responsable.

Enfin, pour conclure cet article, il faut garder à l’esprit que la pratique de la totémisation est strictement interdite dans plusieurs associations de scoutisme en France. Le bizutage, c’est à dire organiser des activités humiliantes ou dégradantes, est sévèrement puni par la loi. Un responsable scout est tenu d’assurer la sécurité physique et affective des personnes dont il a la charge.

PS

Les photos et témoignages de cet article sont issus du suivi des 30 ans de la FÉÉ à retrouver sur notre site.

Pour rappel, le bizutage est, selon l’Article 14 de la loi du 17 juin 1998, « Le fait pour une personne, d’amener autrui, contre son gré ou non, à subir ou à commettre des actes humiliants ou dégradants lors de manifestations, ou de réunions liées aux milieux scolaires et socio-éducatifs. »
La participation volontaire d’un jeune à une activité dégradante ou humiliante ne supprime pas la responsabilité du responsable.

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