2ème édito des Eclaireurs Unionistes - S’exprimer

Le Lien - Juin 1968

La revue Le Lien, destinée aux responsables éclaireurs unionistes devait être publiée en juin 68. Elle a été bousculée pour répondre aux événements. Comme les Scouts de France et les Guides de France, dans l’urgence de la situation, alors que les événements ne sont pas encore tout à fait finis, ce qui rend aussi difficile l’exercice.

S’exprimer

Je suis de ceux qui sont tristes de ne rien savoir tirer d’une guitare ou d’un piano.
Je ne sais rien dire non plus avec un pinceau et des couleurs.
Sans doute ai-je été mal éduqué. A l’école, on apprend à lire, à écrire, on apprend à copier la science ou l’opinion des autres ; peut-être est-ce une bonne chose, peut-être faut-il commencer par là !
Mais il faut bien aussi, un jour, être soi-même, apporter son opinion, son expérience, son témoignage.
D’abord pour se définir soi-même avec courage.
Ensuite pour communiquer avec les autres.
C’est pourquoi, l’apprentissage d’un ou plusieurs moyens d’expression est bon et nécessaire.

  • le louveteau qui chante et qui danse sans vaine timidité, qui donne libre cours à sa joie et à son imagination,
  • les C.P. qui critiquent librement le déroulement d’une journée ou d’un camp,
  • la création d’un panneau libre ou chacun peut communiquer avec les autres,
  • l’éclosion spontanée d’un chant ou d’un mîme ou encore le montage, à 4 ou 5, avec l’aide d’un magnétophone, d’une soirée poésie ou d’une libre discussion,
    tout cela, et beaucoup d’autres moyens encore vont permettre à nos garçons, de se libérer eux-mêmes, de se dépasser, de se comprendre, de s’écouter et finalement de franchir un pas vers leur maturité.
    « Je ne suis pos un rouage perdu quelque part entre le zéro et l’infini ; moi aussi j’ai quelque chose à dire et j’ai quelque chose à entendre. »
    Courant mai, la France et plus particulièrement les jeunes ont donné le spectacle d’une véritable débauche « d’expression » (affiches, discours, manifestations, réunions, CAL, grèves...). C’est sans doute le signe anarchique et désordonné mais somme toute réconfortant que tous, même les enfants ont le besoin absolu d’expression.
    Cela signifie aussi que nous avons, pour diverses raisons refoulé, trop longtemps et trop systématiquement, ce besoin.
    C’est pourquoi, quelques jours avant les camps d’été, nous le disons très nettement :

IL FAUT QU’A CE CAMP LE MOINDRE LOUVETEAU COMME LE DERNIER DE LA PATROUILLE AIT L’OCCASION D’APPRENDRE A S’EXPRIMER D’UNE FAÇON OU D’UNE AUTRE.

à vous, chefs, de lui fournir cette occasion.

J.MANDIL

Publié le (mis à jour le )